Une bonne « dose » de rire !
Qu’y a-t-il de plus naturel que le rire ?! Une émotion communicative qui créé du lien ! Isabelle, de l’asbl Joie de rire propose des séances de Yoga du rire, une activité inclusive et accessible à tous pour faire travailler ses zygomatiques ! Interview.
C’est en 2007 lors du burn-out de son époux qu’Isabelle découvre le Yoga du rire, une activité ludique et inclusive qui lui permet de garder la tête hors de l’eau et qu’elle partage avec ses trois fils. C’est d’ailleurs sous l’impulsion de l’un d’eux, en situation de handicap, qu’elle suivra un weekend de formation pour devenir animatrice en Yoga du rire qui seront suivis de 4 ans de pratique bénévole afin d’acquérir l’expérience nécessaire pour animer des séances de groupe.
Concrètement, qu’est-ce qui se passe quand on rit ? Qu’est-ce que ça fait ?
Quand on rit, on sécrète des hormones ! Il y en a quatre principales et donc en général on dit « une dose de rire, une ‘DOSE’ d’hormones » (ndlr : « DOSE » = un moyen mnémotechnique pour Dopamine, Ocytocine, Sérotonine et Endorphine) qui provoque la bonne humeur, l’ocytocine c’est plutôt l’hormone du lien social mais cela agit aussi sur les états d’anxiété et sur la douleur. Bien sûr la douleur est toujours là, je ne peux pas dire que la douleur disparait quand on a ri mais sa perception sera différente.
Le rire ça va aussi augmenter la capacité respiratoire ; quand on a un fou-rire 😂 les expirations sont plus intenses et donc les inspirations sont également plus grandes. Quand on expire, on va également évacuer toutes les « crasses » contenues dans notre corps au niveau physique mais aussi psychologique et oxygéné le cerveau et tous les muscles du corps. Tant qu’à faire, ça fait aussi un « lifting » naturel du visage, ça active la digestion, ça permet de mieux dormir… En général quand on fait une séance en soirée, les personnes dorment bien la nuit.
Et malgré tout, même si on choisit de faire du Yoga du rire en position assise, ça fait bouger pas mal de muscles ! En faisant les exercices, en riant, on travaille les zygomatiques mais pas que ça, on travaille les abdos aussi par exemple ou les épaules… Si on a un bon fou-rire 😂 on va bouger dans tous les sens et se décontracter.
En quoi le yoga du rire diffère d’un rire spontané ? Cela procure-t-il le même effet ?
Si je dis « ne pensez pas à un éléphant rose », tout le monde va penser à un éléphant rose… C’est le même principe ! Le cerveau ne va pas faire de différence entre un rire naturel et un rire « induit » donc on va vraiment forcer le rire 😂.
Au départ, certaines personnes ne feront que des « ah ah ah, oh oh oh oh, hi hi hi » et rien que ça, on sent que les zygomatiques travaillent déjà et qu’on active déjà le souffle car ça prend de l’ampleur au niveau respiratoire…
C’est comme quand on apprend à faire du vélo ou à marcher, au départ on ne s’en sort pas toujours bien, en s’entrainant à rire de façon « forcée » par des exercices, on va lâcher le mental et les rires 😂 qui étaient au départ « forcés » deviendront de plus en plus naturels.
Pour certaines personnes, cela ne va pas fonctionner et ce n’est pas grave, le rire forcé permet quand même de faire sortir l’émotion… Certaines personnes qui assistent à mes séances pleurent par exemple et c’est tout aussi bien.
J’ai une de mes participantes, Virginie, qui avait du mal à esquisser un sourire ☺️ sur son visage (à cause d’une pathologie) et donc au début durant le temps de « rire libre », elle prenait un crayon et le mettait en bouche entre ses dents. Son cerveau ne savait pas que ce n’était pas un rire naturel puisque les muscles de son visage esquissaient bien un sourire.
Ce que les gens recherchent et parviennent à trouver avec une séance de yoga du rire, c’est la détente et aussi la création de liens car même pour mes séances en visio 💻, les gens sont contents de se retrouver et se demandent des nouvelles des uns ou des autres. Ils parviennent à tisser du lien ; ça m’arrive de recevoir des messages où me dit « merci pour l’énergie du groupe » !
A quel public le yoga du rire s’adresse-t-il ?
A tout le monde ! Les plus jeunes ont 4 ans et les plus âgés ont plus de nonante ans… Peu importe l’état physique ou émotionnel de la personne, c’est ce que j’aime dans cette pratique, c’est accessible à tous.
En ligne le jeudi soir, j’ai par exemple la Maison des Pilifs qui assiste à la séance en groupe derrière un grand écran… En séance en visio 💻, j’ai beaucoup plus de participants qui ont une maladie invalidante ; c’est plus accessible pour elles car elles peuvent faire comme elles le souhaitent (en position assise ou debout par exemple).
J’ai aussi quelques mamans avec leurs enfants qui ont démarré pour la plupart depuis le premier confinement et je vois grandir ces petites filles par écrans interposés mais ce sont des moments importants pour elles.
Au centre Nuances, je fais du Yoga du rire en inclusion depuis 2012 avec les résidents du centre en situation de handicap et les élèves de 3ème et 4ème primaire 🧒 de l’école du village par exemple et ça fonctionne super bien ! Les enfants adorent aller leur rendre visite, ils se prennent dans les bras, c’est très chouette !
Sinon, grâce à mes déplacements en entreprises ou en institutions, je peux financer les activités de l’asbl Joie de rire.
Comment se déroule une séance ? Y a-t-il différentes formules ?
Je donne des séances en visio 💻 une fois par mois pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer sinon je donne une séance mensuelle également du côté de chez moi à Fernelmont le samedi matin.
Au départ, je préparais des séances spécifiques pour les personnes en situation de handicap et finalement je me suis aperçue que ce n’était pas vraiment nécessaire donc je fais la même séance pour tout le monde et je construis mes cours sur différents thèmes. Par exemple, en ce moment, je lis Harry Potter et donc je vais proposer des exercices de Yoga du rire en lien avec ce thème et parmi la trentaine d’exercices, je choisirai ceux qui s’adaptent le mieux aux personnes moins mobiles par exemple et donc pour du Yoga du rire « assis ».
Avec le groupe en inclusion du centre Nuances par exemple, je suis « obligée » de faire l’exercice de la « tarte à la crème » (ndlr : chacun prépare une « fausse » tarte à la crème dans sa main et la personne qui se trouve au milieu reçoit les tartes à la crème « lancées » par les autres) car si je l’oublie, ils me rappellent tout de suite à l’ordre car ils adorent cet exercice.
D’ailleurs, au début, Loïc un jeune garçon autiste refusait de participer aux séances, ensuite progressivement il a commencé à faire certains exercices et un jour, il a lui-même levé la main pour se mettre au centre du groupe et « recevoir » les « tartes à la crème ».
On voit vraiment des évolutions ! Pour la plupart des enfants autistes, le contact physique c’est difficile mais aujourd’hui Loïc accepte d’être pris dans les bras par exemple… Et c’est vraiment chouette de voir les progrès !
Découvrez le Yoga du rire mais aussi d’autres activités inclusives pour continuer à vivre qu’elles que soient les circonstances sur l’annuaire médico-social du Réseau SAM.

Résumé de l'article
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